Katfoura est l’un des quatre districts des îles Tristao qui abrite le siège de l’aire marine protégée (AMP) des îles de Tristao. La population de ce village vit principalement de la riziculture mais aussi de la pêche et de la saliculture comme activités secondaires. La localité dispose une plaine centrale assez vaste, située en bordure de mer. Selon les exploitants, dans le passé, ce domaine constituait le grenier de Tristao où travaillaient plusieurs dizaines de riziculteurs. De nos jours, cette rizière subit l’agressivité l’avancée de la marée dans ses parties Nord-ouest provoquant l’abandon d’une superficie estimée aujourd’hui à 40%.
Le vendredi 12 juin 2020, une mission de consultation du projet de conservation sur la restauration des rizières abandonnées dans les îles Tristao a sillonné les périmètres à restaurer dans les localités de Kawomtchink-kamtchanké-kamtcholén- Katchaban.
L’objectif est de faire une inspection technique pour comprendre si les normes de réhabilitation des digues sont respectées. Cette mission est pilotée par le spécialiste en gestion des terres de mangrove. Daouda Camara accompagné d’un journaliste de l’impactafrique.com, et les exploitants.
Visites techniques digue et périmètre de Kawountchink – Katfoura1
Sur le terrain, le consultant dit avoir remarqué que les exploitants bénéficiaires ont construit la digue « conformément aux prescriptions techniques que nous avons définies et mis à leur disposition. Il continue en disant : les recommandations faites lors de la première ont été prise en compte par les exploitants des périmètres de Kawomtchink-kamtchanké-kamtcholén-Katchaban ». Telles que les normes techniques ont été définies, ils se sont mis à l’œuvre pour le reprofilage d’une digue longue de 2 423 mètres linéaires, entre mai et juin. Ce travail a été fait de façon impeccable », explique M. Daouda Camara.
Il dit avoir trouvé les exploitants bénéficiaires des aménagements très motivés. Ce qui l’amène à dire : « aujourd’hui, on est à mesure de penser que la campagne s’annonce très prometteuse ». Le seul hic, est que les animaux comme les varans, les crabes et les crocodiles sont en train de creuser des trous dans les digues. « Ces trous peuvent contribuer à la destruction des digues. Nous avons trouvé des traces sur les périmètres et sur les digues », fait savoir le consultant.
De l’accord-cadre et du comité de gestion des périmètres
Après la visite technique des périmètres et de la digue, la mission de contrôle s’est retrouvée avec les exploitants pour présenter une proposition d’un accord-cadre, élaboré suite à la première mission. Ce document doit régir l’organisation des exploitants pour le fonctionnement et une bonne gestion/maintenance des périmètres.
Après lecture et explications, les exploitants ont amendé et adhéré ouvertement au contenu de l’accord-cadre composé de 16 articles.
Ensuite, il a été procédé par voie élective, à la mise en place d’un comité de gestion du périmètre (CGP comprenant 5 membres dont : un président, un secrétaire, un Trésorier, un chargé de la gestion/maintenance et un chargé de la mise en valeur agricole. Ce comité est élu pour un mandat de 2 ans renouvelables.
Ainsi, le consultant leur a expliqué les rôles et responsabilités de chaque membre du CGP.
Le Consultant Daouda Camara en séance d’explication du contenu de l’accord-cadre aux exploitants
Ce bureau exécutif devra mettre tout en œuvre pour garantir l’utilisation durable de ce périmètre à travers une inspection périodique sur les digues pour veiller sur les trous que les animaux sont en train de creuser. Aussi, « il faudra pour ce comité, d’essayer de voir comment reprogrammer le rehaussement et la réfection des digues. Car, une fois que le reprofilage est terminé, le périmètre, l’entretien et la réfection seront maintenant à la charge des exploitants », fait remarquer M. Camara.
Il précise que ces personnes sont les représentants des exploitants au niveau de ce périmètre et doivent surveiller à l’utilisation rationnelle et à la survie du périmètre.
« Ce qui est assez remarquable, les paysans ont accepté de cotiser après la récolte à hauteur de 25 kg chacun, afin de constituer une caisse de communauté afin de subvenir aux dépenses d’entretien après le départ du projet. La cotisation peut être en nature (25 kg) ou en espèce », se réjouit le consultant. Cette caisse permettra de financer les travaux de reprofilage des digues ou d’ordre collectif, le payement des tuyaux, des semences, etc.
Le président du CGP, Ibrahima Kéita affirme : « la destruction des digues est une chose qui nous a longtemps fatigué. Si le projet intervient pour rétablir ces digues, cela va contribuer à la lutte contre la pauvreté. A cet effet, nous ne pourrons que vous remerciez et souhaiter la bienvenue au projet ».
CGP de Kawontchink
Il dit être satisfait de l’appui du projet en rapport avec leurs activités. « Ce projet est en train d’améliorer notre condition de vie. C’est clair que c’est nous qui sommes en train de réaliser les activités, mais c’est le projet qui nous a financé. Nous ne pourrons que soutenir cette dynamique enclenchée par le projet », rassure l’exploitant bénéficiaire.
Cette activité est réalisée dans le but d’éviter de nouveaux défrichements de la mangrove pour la riziculture à cause de l’envahissement des rizières par l’eau de mer.
Faut-il rappeler que cette mission de consultation intervient dans le cadre de l’accompagnement des communautés à la protection des périmètres à travers « la formation et l’encadrement des groupements communautaires en restructuration des rizières abandonnées et réhabilitation des digues ». Elle découle de la mise en œuvre des activités du projet de conservation de la mangrove dans les iles Tristao avec l’appui financier de la fondation DOB Ecology.
Sa vision principale est d’ici à 2022 d’augmenter la superficie de mangrove de 1400 hectares en améliorant l’utilisation durable de celle-ci. Les activités consisteront à restaurer 400 ha et reboiser 200 ha, puis récupérer 800 ha à travers la promotion des meilleurs pratiques et l’utilisation rationnelle et durable de l’espace.